Dans le cadre de la stratégie commune allemande en matière de sécurité et de santé au travail (GDA), une enquête a été réalisée afin d’évaluer le développement de la santé-sécurité au travail (SST) dans les entreprises. Ainsi, entre septembre 2023 et avril 2024, 3 817 entreprises et 3 824 salariés ont été interrogés par téléphone par l’Institut des sciences sociales appliquées (INFAS). Selon les résultats, la santé-sécurité au travail a fait des progrès majeurs au cours des dix dernières années.

Une hausse notable de l’évaluation des risques en entreprise

L’enquête révèle que 68 % des entreprises déclarent réaliser l’évaluation des risques, soit 16 % de plus qu’en 2015. Si celles de 50 salariés et plus restent à un niveau élevé, on constate une très nette progression des micro-entreprises déclarant effectuer cette évaluation, s’élevant aujourd’hui à 61 % (contre seulement 42 % en 2015). Par ailleurs, son utilité a été jugée « élevée » dans quasiment deux tiers des cas. Dans les cas où elle est jugée « faible », la majorité des répondants estimait qu’il n’y avait simplement pas de dangers importants dans l’entreprise (63 %).

Plusieurs autres évolutions marquantes

En comparaison avec des données de 2015, des améliorations ont été constatées pour toute une série d’autres indicateurs :

• davantage de cadres ont bénéficié d’une formation liée à la SST (passant de 39 % en 2015 à 64 % en 2024) ;

• les employés sont associés plus souvent aux évaluations des risques (79 % contre 68 % auparavant) ;
• 77 % des entreprises trouvent les règles compréhensibles, 75 % les jugent faciles à mettre en œuvre ;
• 67 % des entreprises ont estimé que leurs connaissances des réglementations en matière de SST étaient « plutôt élevées » ou « très élevées ».

En outre, quatre thématiques avaient été définies comme prioritaires par la GDA : les contrôles dans les entreprises, les produits chimiques, les risques psychosociaux et les troubles musculosquelettiques. Les résultats de l’enquête montrent que les contraintes musculosquelettiques et psychiques sont beaucoup plus souvent prises en compte dans l’évaluation des risques qu’auparavant. Globalement, on constate une tendance positive de l’évolution de la SST dans les entreprises.

Un appel à intensifier les efforts

Si le bilan est perçu comme positif, l’enquête précise que certains objectifs ne sont pas encore atteints. En effet, près d’un tiers des entreprises ne procèdent pas à une évaluation des risques 30 ans après l’entrée en vigueur de cette obligation légale. 

La situation est similaire en ce qui concerne les obligations règlementaires liées à la médecine du travail et l’organisation de la sécurité au sein des entreprises. En effet, en Allemagne, il existe deux systèmes distincts : le « modèle standard » (Regelmodell) et le « modèle entrepreneur » (Unternehmermodell).

Dans le modèle standard, le médecin du travail et les professionnels de la sécurité interviennent auprès de l’entreprise à intervalles réguliers. C’est eux qui sont responsables de la santé et de la sécurité au travail. Or, selon leurs propres déclarations, 44 % des entreprises suivant ce modèle n’ont pas désigné de responsable de la sécurité, et près de 60 % ne disposent pas de médecin du travail.

Pour les entreprises comptant moins de 50 salariés, le modèle entrepreneur permet à l’employeur de suivre une formation en santé-sécurité au travail afin d’assurer lui-même cette responsabilité. Une fois cette formation validée, le médecin du travail n’intervient plus qu’en cas de besoin spécifique. Or, 34 % des responsables d’entreprise suivant ce modèle n’effectuent pas les formations requises. Enfin, seules 58 % des entreprises de plus de 20 salariés disposent d’un comité de sécurité au travail, comme le prescrit pourtant la loi.

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