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Fruit d’une collaboration entre l’INAIL (Institut national pour l’assurance contre les accidents du travail) et le CNR (Conseil national de la recherche), la plateforme numérique « Worklimate » permet d’évaluer chaque jour le niveau de risque thermique auquel sont exposés les travailleurs à l’aide de l’indice WBGT (Wet Bulb Globe Temperature).
Afin d’évaluer au mieux le risque, certains paramètres peuvent être renseignés sur la plateforme, comme l’exposition au soleil et l’intensité de l’effort exercé lors de l’activité professionnelle. Une fois ces données enregistrées, une carte est générée, indiquant quatre niveaux de risque pour les travailleurs : vert, jaune, orange et rouge.
Exemple d’évaluation des risques par la plateforme Worklimate pour un travailleur « exposé au soleil » et exerçant une « activité intense » pour le vendredi 4 juillet 2025 :
Cet outil, initialement développé comme prototype expérimental en 2023, est aujourd’hui de plus en plus plébiscité par les acteurs de la sécurité en entreprise, jusqu’à devenir une référence pour les politiques publiques régionales.
Un usage rendu obligatoire dans certaines régions
Si cette plateforme de prévention est en principe facultative, certaines régions ont décidé d’en rendre l’usage obligatoire face aux nombreux épisodes de forte chaleur rencontrés en ce début d’été :
- Lombardie : jusqu’au 15 septembre, lorsque la plateforme Worklimate indique un risque élevé, l’activité professionnelle dans les secteurs du bâtiment, de l’extraction en carrière, de l’agriculture et de l’horticulture est interdite pendant les heures les plus chaudes (arrêté) ;
- Basilicate : jusqu’au 31 août, un arrêté interdit le travail agricole entre 12h30 et 16h00 les jours où la plateforme Worklimate signale un risque élevé pour les travailleurs exerçant leur activité au soleil (arrêté) ;
- Émilie-Romagne: du 2 juillet au 15 septembre, il est interdit de travailler entre 12h30 et 16h00 dans le bâtiment, l’agriculture, l’horticulture et la logistique lorsque la plateforme indique un risque élevé. (arrêté)
À présent, ce sont 13 régions sur 20 qui ont décidé d’interdire le travail en extérieur pendant les heures les plus chaudes dans plusieurs secteurs professionnels (construction, agriculture…) lorsque la plateforme Worklimate signale un risque élevé pour les travailleurs.
Une cartographie utile aux employeurs
Concrètement, en renseignant la localisation exacte du lieu de travail sur la plateforme, les employeurs peuvent savoir instantanément s’il existe un risque pour les travailleurs.
Exemple de cartographie générée pour la localisation « Rome » :
La plateforme permet également de générer des cartes indiquant les zones où les prévisions de la journée indiquent une température égale ou supérieure à 35 degrés, seuil à partir duquel l’employeur peut envisager de recourir au régime chômage-intempérie.
Ce dispositif, géré par l’INPS (Institut national de sécurité sociale), concerne de nombreuses activités exercées à l’extérieur, ainsi qu’exceptionnellement celles menées à l’intérieur lorsque le lieu de travail « ne peut bénéficier de systèmes de ventilation ou de refroidissement en raison de circonstances imprévisibles indépendantes de la volonté de l’employeur » (EUROGIP, 2023).
À noter qu’au niveau national, la signature d’un « Protocole-cadre pour les urgences climatiques sur le lieu de travail » est actuellement en cours. Si ce dernier vise à prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles liés aux conditions météorologiques extrêmes, il ne généralise pas d’interdiction du travail en extérieur sur la base des données disponibles sur la plateforme Worklimate.
Voir aussi : « Travail par forte chaleur et canicule : quelles législations et actions de prévention à l’international ? » (EUROGIP, 2023)