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Entre 2020 et 2023, l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) a mené une enquête dans six pays européens (Allemagne, Espagne, France, Finlande, Hongrie et Irlande) visant à évaluer l’exposition des travailleurs aux facteurs de risque de cancer professionnel sur la base de plus de 24 000 entretiens téléphoniques.
Sur le fondement de cette étude, l’EU-OSHA a récemment publié un rapport dédié aux travailleurs du secteur sanitaire et social, représentant environ 3 040 des participants. Ce rapport fournit des estimations sur l’exposition des travailleurs du secteur à 24 facteurs de risque de cancer professionnel, ainsi que des informations sur les circonstances de travail et les mesures de prévention mises en place.
Focus sur le secteur sanitaire et social
Représentant environ 11 % de l’ensemble des emplois, le secteur sanitaire et social est l’un des plus grands employeurs de l’Union européenne (Eurostat, 2022). Selon le rapport de l’EU-OSHA, près de 30 % des professionnels de ce secteur ont été exposés à au moins un facteur de risque cancérigène au cours de leur dernière semaine de travail.
Les médecins, infirmiers, aides-soignants et techniciens de laboratoire figurent parmi les catégories les plus exposées. Par ailleurs, les hommes sont globalement plus souvent exposés à au moins un facteur de risque que les femmes (34,3 % contre 24,3 %).
Les principaux facteurs de risque de cancer professionnel
Selon le rapport, les facteurs de risque les plus fréquents dans le secteur sanitaire et social, tous niveaux d’exposition confondus, seraient :
- les rayonnements ionisants (7,4 %),
- les émissions de gaz d’échappement des moteurs diesel (6,2 %),
- le rayonnement UV solaire (6,1 %).
En ce qui concerne le degré d’exposition, le rapport estime le pourcentage des travailleurs probablement exposés à un facteur de risque comme suit :
Les contextes d’exposition aux facteurs de risques de cancer
L’exposition à un agent cancérigène ne dépend pas uniquement de sa présence sur le lieu de travail, mais surtout des circonstances concrètes dans lesquelles le travailleur y est exposé : type de tâche réalisée, environnement de travail, fréquence et durée de l’exposition, utilisation ou non de protections, etc.
Rayonnements ionisants
Les professionnels du secteur sanitaire et social sont exposés aux rayonnements ionisants principalement lors de l’utilisation de machines utilisant les rayons X à des fins de diagnostic (radiographies, mammographies), de radiologie (fluoroscopie, angioplastie), ou dans le cadre de traitements comme la radiothérapie.
Les protections les plus couramment utilisées sont les écrans de protection (en plomb ou en plexiglas) (85 %) et les vêtements radio-protecteurs tels que tabliers de plomb, gants ou protège-thyroïde (entre 67 % et 87 %, selon les tâches). L’usage d’un dosimètre personnel varie selon le contexte, tandis que le respect des distances de sécurité (à plus de 2 mètres de la source) reste peu fréquent (7,6 %).
Émissions de gaz d’échappement des moteurs diesel
Les travailleurs peuvent être exposés aux émissions de diesel lorsqu’ils conduisent, entretiennent ou voyagent dans des véhicules diesel dans le cadre de leurs fonctions (visites à domicile, transports sanitaires, etc.). Bien que l’exposition soit généralement de faible intensité, elle reste fréquente.
Peu de mesures spécifiques de protection sont rapportées dans ce contexte. Il n’existe pas toujours de ventilation adaptée, ni d’équipements de protection individuelle dédiés à cette exposition dans le secteur.
Rayonnement solaire UV
L’exposition au rayonnement UV naturel concerne les professionnels travaillant à l’extérieur en journée, que ce soit à l’air libre, dans un véhicule avec les fenêtres ouvertes, ou près de surfaces réfléchissantes (eau, verre, métal, béton). Cela touche notamment les intervenants à domicile ou en zones rurales.
Les mesures de protection rapportées incluent le port de vêtements couvrants (93 à 99 % selon les cas), de lunettes de soleil (jusqu’à 48,3 %) et de couvre-chef (25 à 32 %). En revanche, l’usage de crème solaire reste faible (autour de 10 %), probablement en raison d’une perception sous-estimée du risque lié à cette exposition.